J'adore la sélection des éditions Sonatine et suis particulièrement fan de thriller psychologique.
J'ai été scotchée, happée, habitée par cette histoire pendant des semaines. Deux narratrices, deux femmes. On sait dès le début qu'un corps sans vie flotte dans la Tamise. Lequel ? Pourquoi ?
Theodora - Dora- habite à Londres. Au décès de sa mère, elle a hébergé son père atteint d'Alzheimer. Sous son toit, vit déjà Léo, son fils revenu à la maison sans autre projet que celui de passer ses journées devant la télé.. La voix de Dora, beaucoup d'anglais la connaissent. Confidente impartiale qui ne juge pas, elle anime un émission de radio à succès. Son objectif : devenir animatrice en prime time. Pas simple quand on a deux personnes à charge à la maison. Alors quand son ex mari lui trouve une employée de maison marocaine, elle y voit l'occasion de souffler un peu et de consacrer du temps à son travail et à son amant.
Au Maroc, Mona laisse sa fille et sa mère malade pour partir travailler à Londres. Elle espère gagner assez d'argent pour payer les soins de sa maman et retrouver Ali son mari qui est déjà à Londres en train de terminer ses études de médecine et dont elle est sans nouvelles depuis des mois. Cuisinière hors pair, elle rend la vie de Dora plus douce en faisant briller la maison du sol au plafond et en veillant admirablement sur le vieil homme qui perd la boule.
Chacune de ces deux femmes dépend de l'autre. D'une relation cordiale, on bascule peu à peu vers une lutte feutrée qui les mène au pire.
Je reprends l'adjectif de la 4ème de couverture pour décrire ce polar : magistral.
La fin est particulièrement incroyable. Il faut dire que la mise en récit du petit jeu vicieux entre ces deux femmes aux personnalités tortueuses est brillante. Chacune d'entre elles défend son rêve, d'abord convaincue qu'il va se réaliser grâce à l'autre avant de se persuader qu'elle l'empêche finalement d'accéder au bonheur.
Elles sont touchantes ces deux femmes pourtant si sournoises. Ce polar est du genre qui te prend sans te laisser indemne, tout ça sans coup de feu ni enquêteur alcoolique, sans avoir mis en jeu des litres d'hémoglobine seulement deux cerveaux de femmes pouvant se révéler machiavéliques.
Sous le masque que chacun porte, les pires intentions peuvent se nicher.
A lire absolument !!!
extraits : " vous passez la moitié de votre vie à en vouloir à vos descendants de vous prendre votre temps et votre énergie, puis, quand ils s'en vont tout doucement, vous ne désirez rien d'autre que les rassembler autour de vous, les implorer d'avoir encore besoin de vous. " page 378
la radio "les gens y sont plus ouverts qu'à la télé (...) c'est la psychologie du confessionnal ou le divan du thérapeute : s'ils ne voient pas le visage de la personne à qui ils parlent, les gens se confient plus facilement. " page 70
Traduit de l'anglais par Marianne Thirioux.
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