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Photo du rédacteurlucierochas

La singulière tristesse du gâteau au citron d'Aimée Bender, difficile à avaler.


Je rêvais de lire ce roman depuis longtemps. Je l'ai croisé dans ma bibliothèque municipale au rayon gros caractères. J'ai foncé. Dès qu'il s'agit de romans qui ont trait à la nourriture je suis partante et souvent conquise. Et pourtant cette fois c'est comme si j'avais été obligée de le manger littéralement ce roman. J'en garde un goût de pâte à papier. J'ai failli l'arrêter de nombreuses fois. Ce qui m'a retenu c'est la plume d'Aimée Bender, traduite de l'anglais par Céline Leroy, pas les "dons fantastiques" ou les bizarreries des membres de cette famille. Rose, la benjamine, est attachante. Elle n'a pas une relation de dingue avec son père mais s'en contente. Elle essaye d'attirer l'attention de son grand frère mais n'obtient que les bonnes grâces de Georges le meilleur ami de Joseph qui tente de comprendre avec elle le mal dont elle est atteinte : elle est capable de déterminer et la provenance des ingrédients des plats qu'elle mange et surtout l'humeur du cuisinier. Tu parles d'un pouvoir magique, elle s'en arracherait la langue tellement c'est handicapant. La plupart de ces repas ne transpire pas la joie de vivre ou l'allégresse mais plutôt la tristesse, la colère et l'amertume. Manger devient un cauchemar, elle ressent les émotions nichées dans chaque bouchée. La solution : se nourrir le moins possible au point que certains la pensent atteinte d'anorexie. Et quand les pâtisseries que sa maman destine à son nouveau boss retrouvent une teinte joyeuse, elle sait que ça ne sent pas bon pour le couple parental. Quant à son frère ainé, il disparait sans crier gare et va jusqu'à se fondre dans ses meubles.

Bref, trop de fantastique pour moi.

Deux extraits pour vous donner une idée de cette belle écriture :

page 122 " La cuisine dégageait une odeur de petite ville américaine pittoresque, des vergers d'Atlanta et de groseille de l'Oregon, de tourte héritée d'Angleterre, embarquée il y a des siècles avec les puritains sur le Mayflower."

page 269 : "Je suis restée trop longtemps à un feu tellement la lumière était belle, filtrée par les feuilles des faux platanes qui bordaient Sierra Bonita donnant à chacune d'elles une teinte de jade vert pâle. Les jacarandas préparaient leurs explosions lavande pour le mois de mai."

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