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Le jour où Beatriz Yagoda s'assit dans un arbre de Idra Novey


Bon je suis mitigée à propos de ce roman. J'ai aimé l'écriture de l'auteure de ce premier roman. L'histoire un peu moins. Souvent drôle mais un peu trop loufoque peut être. Parce qu'il faut être un peu barrée pour jouer à chat perché dans un arbre quand on a des dettes de jeux et des créanciers prêts à enlever vos enfants et à leur couper l'oreille. Il faut dire que nous sommes à Rio de Janeiro. On en sent presque la touffeur et les odeurs. La femme qui monte dans l'arbre est une écrivaine tombée dans l'oubli. Quand sa traductrice américaine, Emma, apprend la nouvelle, ni une, ni deux, elle prend le premier avion pour Rio, convaincue qu'elle peut retrouver Beatriz grâce aux indices que l'auteure a glissé dans ses romans. Le jeu de piste devient glauque et dangereux et pourtant j'espérais qu'Emma laisse son mou de mari à Pittsburgh pour s'amouracher du fils de l'écrivaine brésilienne. C'est dire.

Bel ode aux traducteurs que je pense toujours à saluer quand je lis des romans étrangers qui m'emballent.


"Pour que la traduction soit un art, il fallait oser les transgressions inconfortables mais nécessaire qu'un artiste s'autorise". page 32


"Si seulement elle avait eu la chance de naître homme à Babylone, à l'époque où les traducteurs y étaient célébrés comme les créateurs d'un nouveau langage. Ou pendant la Renaissance, période qui vit brièvement la traduction élevée au rang d'activité visionnaire, au même titre que l'écriture. Elle aurait alors été dans son élément. A la Renaissance nul traducteur n'avait à s'excuser de suivre son instinct pour défendre l'oeuvre de l'un des écrivains les plus extraordinaires et sous-estimés de son temps. " page 99


"A chaque nouvelle phrase, elle s'enfonçait un peu plus à l'intérieur des mots, et sa voix s'élevait. Emma avait vécu pendant tellement de temps avec ces descriptions, les avait retournées dans sa tête en conduisant dans la neige et en se brossant les dents. Et n'était-ce pas là toute la splendeur de la traduction ? Découvrir des phrases d'une telle beauté et avoir la chance de permettre à quelqu'un qui n'en avait pas encore eu l'occasion de la découvrir aussi ? " page 130


" De l'autre côté du bassin, le vieil homme sur le banc était penché attentivement au-dessus de son livre, tellement absorbé qu'il semblait avoir sommé tout son être d'entrer dans les pages posées sur ses genoux. Sa mère lisait avec le même abandon. Raquel n'en avait jamais été capable. Elle avait trop de réserves pour se laisser aller de la sorte et pour prendre le risque qu'un livre anéantisse le sens qu'elle avait de sa propre identité, si méticuleusement construit. " page 191.


Pour Cathulu c'est un coup de coeur : "Traque littéraire loufoque, le premier roman de Idra Novey est aussi une gourmande plongée dans le monde l'édition et de la traduction, un vibrant hommage au pouvoir des mots. Un grand coup de cœur, constellé de marque-pages."


Alex est mitigé aussi mais pas pour les mêmes raisons que moi.


Ce roman est traduit de l'anglais par Caroline Bouet.



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